Personnellement cela ne m’intéresse pas du tout de vous parler du Costa Rica.
Comme s'il n'y avait qu'un seul Costa Rica ...
Surtout, d'autres que moi font cela bien mieux.
Voyez par exemple Wikipedia, le bon vieux Routard, le Petit Futé et autres Lonely Planet.
Ce dont j’ai envie, c'est plutôt de vous parler de MON COSTA RICA à MOI.
Celui que moi-même et ma famille vivons au jour le jour, a lo largo de la manera (chemin faisant), con el tiempo (au fil du temps).
Pays parfois merveilleux, souvent quand on y pense, d'autres fois horripilant, un peu comme la vie en général. En un peu mieux ...
Je vais essayer de vous le présenter, sans prétention, façon BLOG.
Pas de stress, on écrira au fils du temps, quand nous aurons le temps ... Pura Vida ...
@ bientôt,
Quelques photos de notre dernier petit périple dans la zone nord-ouest du Costa Rica. Toujours à la recherche des meilleurs endroits pour nos meilleurs clients, merci Éric !
En chemin, du luxe (divers lodges de montagne du côté du volcan Rincón de la Vieja) et aussi du rustique de chez rustique. Depuis le temps, nous sommes équipés pour faire face à toutes les situations qui se présentent. A condition de bien manger toutefois, ce qui est le plus souvent le cas, même dans des endroits improbables.
Ce que je trouve particulièrement génial au Costa, moi qui comme vous adore manger, c’est qu’on y sert à toute heure. Enfin fini les « Désolé Monsieur, je n’ai plus personne en cuisine » du restaurateur européen moyen étouffé par ses charges. Car moi qui suis indiscipliné de nature, j’aimer manger à toute heure.
Après avoir risqué notre vie la veille sur des chemins où, comme d'habitude, nous ne croisons jamais personne et être malgré tout miraculeusement arrivés à bon port, le lendemain matin le jour se lève à nouveau sur le Costa Rica. Le bleu et le vert se marient bien, nous sommes comme suspendus dans une forêt de nuages. Il fait 17 °C, la petite laine est de rigueur. Devant un tel panorama, tu ne te demandes plus si Dieu existe, tu l'as là, devant toi !
Plus tard, au Rustic Lodge (n’existe que dans mon imagination) nous ferons la connaissance d’un perroquet vert (loro ou lora) d’âge respectable, un peu plus de la trentaine. Au déjeuner, un jeune toucan d’environ 1 an, non apprivoisé, s’invitera à notre table. Anna, qui a un don envers les animaux, parviendra même à le nourrir car le bougre a un faible pour la papaye.
Quelques jours de pur bonheur au Costa Rica, malgré la pluie, la neige, la boue, les chemins de traverse soudainement coupés, les ponts branlants moins larges que le 4x4, les petites peurs quand la piste devient torrent, les hésitations quand la carte routière est sans secours, le cœur qui s'arrête quand la voiture part en crabe dans le fossé … On s’accroche aux sièges et on prie pour que ça passe. A propos de prière, j’ai remarqué que la foi surgit aussi soudainement qu’intensément quand on a les foies justement. Comme quoi il est inutile de trop s’entraîner avant d’en avoir besoin et de risquer ainsi inutilement l'épuisement. Encore un miracle de la nature.
Contents, chaque jour, d'être dans l'aventure, tellement heureux le soir quand ça s’arrête !
Il va quand même falloir que je fasse reconnaître à la Sécu locale la pénibilité de mon travail, non mais ! Indemnité de chaussures pour le moins. Ou bien prime de pneus, ça existe ?
Un conseil, quand vous êtes, comme nous, « finqueros » débutants, évitez de demander négligemment à vos enfants d’aller cueillir « quelques oranges ».
Ou bien alors restez dans le secteur agricole concerné, ne vous endormez pas comme moi, lamentablement, après le repas du midi, pour une sieste au long cours comme le marin du même nom. A propos de marin et de sieste justement, comme le dit si bien Hervé Hamon, « Le marin se distingue par son aptitude à pratiquer la sieste à toute heure, en tous lieux, par tous les temps. Car ce qui est pris n’est plus à prendre. ». Très juste, j’en sais quelque chose !
Sinon, revenons à nos moutons, à nos agrumes plus exactement, vous risquez fort de vous retrouver en deux temps trois mouvements avec une pleine brouette d’oranges !
J’ai compté la récolte, il y en a très exactement 330 !
J’ai vérifié dans le dictionnaire, « quelques » est un « déterminant » qui signifie « plusieurs ». Donc pas d’erreur des cueilleurs bénévoles, autant pour moi !
PS : j’en profite pour lancer un petit message amical à l’intention de ceux qui ont une peur bleue des « bébêtes » au Costa Rica : serpents, scorpions, mygales, fourmis … Anna (8 ans) refuse le port de chaussures et Ivan (2 ans 1/2 ) c’est pire, a beaucoup de mal à conserver ses vêtements plus de 10 minutes. Cela nous a bien inquiété un peu au début, mais puisque la première à survécu tout ce temps dans les mêmes conditions, on se dit qu’après tout, le second suivra. Pura Vida !
En ce vendredi de la rentrée, comme nous ne savions pas quoi faire, nous nous sommes mis en tête d’aller acheter des vaches. Aussitôt dit, aussitôt fait, direction la « subasta », autrement dit la « vente aux enchères » hebdomadaire de bétail.
Grosse affluence à Upala, petite ville de la province d’Alajuela, en bord du Lac Nicaragua. Des dizaines de bétaillères sur le parking, occupées à décharger des veaux, vaches, cochons, couvées … euh non, seulement les 2 premiers de la liste.
Pour tenter de passer inaperçus parmi cette foule agricole, moi-même et ma fille étions légèrement déguisé en « finqueros ». C'est-à-dire jeans, bottes aux pieds, ceinture de cuir avec les accessoires assortis (entre autres choses, téléphone et couteau dans leurs housses de cuir dans le même ton que la ceinture). Précaution bien utile car nous étions les seuls non ticos de cette rurale assemblée. Ne manquait que le chapeau qui va bien mais ce sera réparé la prochaine fois. Car le « finquero », sorte de cow-boy local, ne saurait sortir sans son accoutrement, qui lui va bien au demeurant. Ah oui, car récemment, à l’insu de notre plein gré toujours, nous sommes devenus finqueros. Mais ceci est une toute autre histoire que nous mettrons, peut-être, en images et en mots, ultérieurement.
En fait, nous étions venus pour les chevaux mais il y en avait peu, une vingtaine, et après avoir patienté plusieurs heures et vu défiler des centaines de vaches, nous avons compris que les chevaux passeraient en dernier. Comme il restait encore quelques centaines de bêtes à cornes à écouler, j’en ai lâchement profité pour couper court et rentrer à la maison sous prétexte de faim dévorante. A cette heure-là, début d'après-midi bien sonné, j'aurais bien mangé une vache et son veau. Mais pas bien pratique avec tout ce monde et puis surtout, si j'avais bien le couteau dans l'étui, je n'avais pas la fourchette !
Il faut dire que ma fille s’était mise en tête de me faire craquer, par tous les moyens, pour un cheval et je ne voyais pas bien comment m’en sortir. On a beau expliquer qu’on n’a pas assez d’argent sur soi, que le cheval ne rentrera pas dans le coffre même en rabattant les sièges arrières, qu’on ne peut pas le traîner derrière la voiture, qu’ « on ne peut pas le laisser au Monsieur le temps de revenir le chercher plus tard » … face à l’obstination d’une petite fille qui ne jure depuis sa naissance que par les chevaux … on se rend compte qu’on est finalement peu de chose.
Alors vivement vendredi prochain, si on ne sait pas quoi faire, on ira acheter un cheval ! Ou bien « des chevals » comme dit ma fille. Nous ne sommes plus à ça près ...
Bien que quasi privé de toute sucrerie, j’ai très tôt connu les salles d’attente de dentistes. Car sachez-le, en matières de dents, il n’y a pas de justice. Comme dans la vie en somme !
J’ai encore, longtemps après, dans ma mémoire olfactive, l’odeur de la salle d’attente, mélange de formol et de chloroforme qui vous saisissait à peine la porte franchie. Pire, dès le vestibule d’entrée, au bas de l’immeuble, des miasmes vous prévenaient méchamment de ce qui vous attendait dans un avenir très proche. D’autant que vous croisiez souvent le dernier patient, blême, qui s’enfuyait, le diable aux trousses, la main devant la bouche et le regard fou. De quoi tourner les talons, ce que je n’ai jamais fait, mais j’aurais dû.
De plus, mon dentiste était une sorte de géant roux d’environ 2 mètres, avec des doigts énormes. Si j’étais Ministre de la Santé, j’interdirais l’entrée des écoles de dentistes aux apprentis dentistes à gros doigts. Qu'ils aillent plutôt faire CAP boucherie. Mais hélas, à l’époque, je n’étais qu’un tout petit enfant sans défense aux dents injustement gâtées, il fallait donc subir … Je garde en mémoire l’image de l’ENORME seringue métallique avec une aiguille à n’en plus finir qui m'obscurcissait totalement la vue avant de plonger dans ma bouche, HORREUR ! Ne parlons même pas du sinistre bruit de la roulette qui cherchait le chemin du nerf le plus proche et qui, immanquablement, le trouvait. Je levais alors ma petite main tremblante pour arrêter le supplice. Mais le géant roux n’en avait cure, inlassablement il continuait à forer …
J’ai réellement perdu des mois de vie dans ma prime enfance, car si « dentiste le jeudi », dès le lundi la semaine était irrémédiablement gâtée, comme mes dents.
40 ans après, la peur du dentiste est toujours là, fortement ancrée en moi, bien que l’ayant assez peu fréquenté depuis. Mais quoi que vous fassiez, bon an, mal aux dents, vos dents finissent toujours par vous rattraper. Depuis quelques mois, je sentais bien une douleur diffuse qui allait crescendo mais par une sorte de mauvaise foi que je n’explique pas vraiment, j’arrivais à me persuader que non, finalement ce n’était pas grand-chose, que ça allait passer. Car le mal de dents est vicieux, il apparaît soudainement, vous relâche un moment, revient insidieusement, chaque fois un peu plus fort, un peu plus longtemps. La veille du départ pour une virée d’une semaine dans les montagnes du Costa Rica (une recherche spécifique pour un client) j’ai compris que le mal ne me lâcherait plus. Mais trop tard, il fallait partir, ce que j’ai fait. Et ce qui devait arriver arrivât. A la fin de mon périple, une brusque et violente rage de dent me fit comprendre que mon sursis était achevé, j’en avais déjà trop abusé, il fallait absolument que je trouve un dentiste.
Fort heureusement ma femme en avait repéré au moins une dizaine dans la ville de San Ramon, alors que moi, même en cherchant bien, aucun ! Mon humeur étant à l'image de ma dent, exécrable, je fus donc sommé de me faire soigner illico, plus moyen d’y échapper ! En fin de matinée, j’entrais donc dans le cabinet dentaire le plus proche de l’hôtel où, étonnament, sans avoir à grimacer de douleur pour susciter la pitié, j’obtins un rendez-vous pour l’après-midi même.
Et c’est là que mon univers a brutalement basculé dans le monde de la dentisterie 2.0 !!!
Premièrement, le dentiste m’a reçu à l’heure ce qui m’a évite de patienter 2 plombes à lire des magazines féminins en subissant les râles de mes compagnons d’infortune. Je n’ai pas non plus eu à subir les têtes d’enterrement des autres malheureux du jour car il n’y avait aucun retard dans les rendez-vous.
Ensuite, le dentiste, tout bien regardé, était UNE dentiste d’environ 1.65 mètre, 55 kg, 85 B, non, plutôt 85 C, aux doigts longs et fins. Bizarrement, le mal de dents n'affecte pas la vue de la personne souffrante de type mâle uniquement. Mieux, elle était jolie même si je ne m’en suis vraiment rendu compte qu’après.
Me sachant de passage, elle a néanmoins pris tout son temps pour me poser moult questions. J’ai quand même dû avouer, un peu honteusement, que je n’avais pas vu un dentiste de près depuis au moins 8 ans, trop de travail vous comprenez docteur. Et que croyez-vous qu’il advint ? Rien, pas même un reproche, juste un sourire complice.
Après l’examen et la radio d’usage, j’appris que j’avais la dent du fond mangée de l’intérieur par une énorme carie et une grosse-grosse infection à la limite de l’arrêt de jeu, type carton rouge, exclusion du terrain, direction l’hosto sans préavis.
Il fallait donc ARRACHER la dent, là, de suite, afin d'éviter de fâcheuses complications.
Étonnamment, je me sentais déjà en confiance et je n’ai pu qu’acquiescer, sans doute soulagé par avance de la proche délivrance.
Aussitôt dit, aussitôt fait, piqures et repiqures, même pas mal, sauf les 2 dernières, un léger chatouillement quand l’aiguille a pénétré le nerf. Encore j’étais prévenu, Stephanie (c’est son prénom) m’ayant averti que ça n’allait pas être « rico ». Croyez-moi, entre un géant roux qui vous dit « ça va faire mal » et une jolie petite blonde qui vous dit que « ça ne va pas être riche », déjà on divise le mal par 2 ou 3.
J’ai quand même été pris d’une subite inquiétude. Car les images de mon dernier arrachage de dents me sont brutalement remontées dans les gencives. Cela devait dater d’au moins 25 ans. C’était un dentiste vietnamien car c’était à la mode, à l’époque, de fréquenter un dentiste vietnamien. Mais moi je m’en foutais de la mode comme de ma première dent de lait cariée. Car si j’avais volontairement choisi un dentiste vietnamien c’est parce que c’est supposé avoir des doigts plus fins qu’un géant roux ! C’était le cas effectivement mais le mauvais côté de la chose, c’est qu’il ne devait pas peser plus de 50 kilos, mon arracheur de dent. Ainsi, à l’époque, il avait dû peser de tout son maigre poids, arcbouté sur le fauteuil pour réussir à m’extraire la grosse molaire du fond, après plusieurs tentatives infructueuses. Je crois qu’il a eu aussi peur que moi de ne pas y arriver car il transpirait à grosses gouttes et la pince lui glissait des doigts. Souvenirs, souvenirs …
Je me demandais donc comment la frêle Stephanie allait pouvoir procéder mais de toute évidence, calé au fond du fauteuil, quasiment allongé, il était trop tard pour reculer. Alors, résigné, j’ai fermé les yeux, je me suis laisser aller … et le miracle est arrivé.
A part les bruits de la dent qui part en morceaux qui résonnent dans les oreilles, je n’ai quasiment rien senti. En quelques minutes, sans forcer, la dent malade pourtant solidement accrochée, s’est miraculeusement transportée du fin fond de ma bouche au plateau des instruments. J’avais peine à croire que mon calvaire était terminé. Pour un peu, j’en aurais redemandé.
C’est donc dans un état un peu second - limite hébété - que j’ai écouté Stephanie me prodiguer les conseils pour éviter l’infection fatale et la conduite à suivre pour les prochains jours.
Parti de l’hôtel penaud et tremblant, la tête basse et rasant les murs, c’est en grand vainqueur que j’y suis retourné !
Grâce à ma jolie dentiste costaricienne, j’avais définitivement perdu ma peur du dentiste !!
Mieux, vous ne me croirez pas, elle m’a fait la bise en partant !
Le soir au restaurant - car dans le monde de la dentisterie 2.0 au Costa Rica, Ô miracle, on peut manger à peine 2 heures après un arrachage de molaire - bien aise, j’en ai profité pour faire la morale à ma fille en lui narrant les bienfaits du brossage de dent et de la visite annuelle chez le dentiste. Il faut dire qu’elle est devenue blanche, ma fille, quand j’ai dû, pour pouvoir manger, ôter le gros pansement du fond de ma bouche. Faute d’attention de ma part, le pansement gorgé de sang est brutalement tombé sur la nappe avec un bruit sourd. Ma fille a manifestement cru que cette énorme chose ensanglantée était ma dent ! A son regard affolé, j’ai compris que la pédagogie chez les enfants, ça rentre nettement mieux avec des images en 3D !
Le lendemain, le cœur léger, je suis retourné voir Stephanie qui m’a soigné 3 caries sans même la plus petite anesthésie. J’y retourne la semaine prochaine, reste 6 caries à soigner, rien que ça, on va tout faire d’un coup. J’ai presque hâte !!!
Le prix ? Quand on aime on ne compte pas !
Aujourd’hui, 25 juillet, c’était jour férié au Costa Rica. Cela signifie que personne ne travaille, sauf les étrangers. D’une part parce qu’ils ne savent pas que c’est « fiesta » aujourd’hui les étrangers et ensuite parce que la plupart n’ont pas encore perdu leurs habitudes de travailler tout le temps. Généralement, après 10 années de présence au Costa Rica, ça commence à s’arranger. Personnellement j’en suis à 7, je flotte entre 2 eaux … je travaille à mi-temps.
Ce jour là, les caissières de supermarché s’habillent local, comme Suendy par exemple, qui vous sourit sur la photo. Enfin, qui ME sourit ! C’est un peu comme si votre caissière préférée à Mammouth / Leclerc / Super U / Intermarché / Carrefour / Casino … s’habillait en Marianne au 14 juillet. Et puis qu’elle souriait aussi. Et puis qu’en plus on dirait qu’elle serait jolie et aimable, comme Suendy … bon, j’arrête, la science-fiction c’est pas mon rayon.
Sur le chapeau « guanacasteco » de Suendy, on remarque qu’il est écrit « Pura Vida » et non « vente flash, 15 % sur le papier hygiénique ». C’est à des détails comme celui-ci qu’on s’aperçoit qu’on a changé de planète. Bienvenue dans le monde LATINO !
Au fait, c’était quoi aujourd’hui la fête ? Rien de moins que le rattachement en 1824 du Guanacaste au Costa Rica plutôt qu'au Nicaragua. C’est difficile de se souvenir de tous les jours fériés au Costa Rica car il y en a beaucoup ! Un peu comme au Moyen-âge chez nous, du genre 1 jour sur 2. Avec des réjouissances telles que corridas, danses, concerts …
Bon allez, assez rêvé, j’ai du boulot !
C’est-y quand déjà que je dois retourner au supermarché moi ? Pura Vida !
PS : il est inutile de m’écrire pour me demander le numéro de téléphone de la jolie Suendy.